Notre meilleur ami

Publié le 29/04/2020

© Agence TULLE

Depuis Baudelaire, on pourrait penser que les poètes n’apprécient que les chats. Non, ils aiment toutes les bêtes, y compris celles qui n’existent pas ou que dans l'imaginaire... Le meilleur ami de l’homme est aussi celui du poète. Il faut le suivre sur le chemin de la liberté que, chaque jour, il nous accorde.


Un chien se chauffe sur le pont
Par l’accablant silence bourdonnant de midi
Sa tête est douce sous la main
Rien ne le sépare du soleil.
*
Chien perdu qui revient chaque soir dans ma grange
pour y trouver la soupe et la paille que je t’offre
où t’en vas-tu le jour et quels soleils cachés
t’appellent dans les villages que je ne sais pas voir.
*
Si un chien t’aime
son poil sent la paille et le lait
et si tu sais l’aimer
sa présence rapproche les choses.
*
Le chien revient du jardin sous la pluie
son poil sent bon et il fume
j’aime sur la fenêtre son nez froid ses oreilles chaudes
ce profil d’ombre qui ne sait pas qu’il doit mourir.


Guy Chambelland, La Claire Campagne, Talantikit.


~


Le chien

Vous m'avez dit : "Rapporte !"
Et je rapporte, maître.

Vous rapporter ce que vous avez tué,
c'est le vrai travail
des poètes.

Et si vous ne lisez pas sur ma figure
la joie que je ressens,
alors que, peuple, je te sers,
je vous plains.
Je vous aime aussi.

C'est notre métier qui le veut.


Yves Rouquette, L'escritura, publica o pas, IEO.