Improvisations sur l'Oyapock

Comment avons-nous osé nous lancer dans la remontée de l'Oyapock sans la moindre carte et sans autre instrument que la sonde à main, je me le demande encore… C'était en tous cas un épisode de stress bien dans la ligne de ce que venions de subir, Michelle et moi, depuis notre départ de Belem. L'embouchure de l'Amazone, en plein pot-au-noirpot-au-noir : zone intertropicale où alternent calmes et grains violents., avait en effet délivré son lot de grains violents et imprévisibles, de mer hachée et de calmes pénibles, qui ont probablement fait passer et repasser l'équateur plusieurs fois à un Chercha-Païs réduit à être le jouet des marées.

Pris en charge par le courant équatorial qui supplée le vent, nous progressons ensuite vers la Guyane, au milieu de troncs d'arbres menaçants, flottants à plat, à la verticale ou entre deux eaux. Des eaux très limoneuses qui nourrissent des quantités incroyables de crevettes à en juger par le nombre de ces bestioles qui se retrouvent sur le pont. Au quatrième jour, le vent est toujours infime, mais le courant s'est renforcé au point que je n'en crois pas mes relevés au sextant, qui indiquent une avancée journalière de 128 milles. Il est temps d'ajuster le cap pour atterrir dans les parages du cap Orange, que nous devons approcher aux petites heures du jour. Avant minuit, pourtant, Michelle aperçoit soudain la terre, et par une nuit sans lune cela signifie que nous en sommes vraiment proches. La sonde donne effectivement à peine plus de deux mètres ! Le courant nous a fortement portés à la côte, heureusement faite de vase et de palétuviers, dans les parages de l'embouchure du rio Cassipore. Nous nous écartons au moteur, car le vent est tombé, avant de repartir tribord amures dans une enfilade de grains.


La mauvaise météo complique l'approche de l'embouchure de l'Oyapock.

Au matin, dans une trouée, j'aperçois les abords du cap Orange, puis tout disparaît dans la grisaille. Jouant de la sonde à main, les yeux écarquillés, je guide les débuts de l'entrée dans la baie Oyapock, jusqu'à un fort grain qui noie tout. Décidément, il est écrit que nous devons souffrir dans tous les estuaires du secteur. Nous jetons l'ancre pour attendre que la visibilité revienne et les repères que nous espérons se dévoilent enfin, d'abord la fausse montagne d'Argent, puis la montagne d'Argent proprement dite, les monts de l'Observatoire et la montagne Bruyère, vers laquelle nous nous enfonçons. Après avoir évité un banc de sable deviné in extremis à un léger friselis à la surface de l'eau, nous mouillons devant la maigre embouchure de l'Ouanary où je compte trouver un village dont les gens pourront nous renseigner sur l'Oyapock. Il faut vite déchanter, car aucune trace humaine n'apparaît dans ce décor, sans doute le plus ample et le plus désert qu'ait fréquenté Chercha-Païs… En fait, je l'apprendrai, ma mémoire ne m'a pas vraiment trahi, car le village est caché plus en amont dans la crique et rien ne laisse supposer sa présence.


Des eaux brunes, de la forêt et, au loin, le point de repère bienvenu de la Montagne d'Argent.

Au petit matin, l'anxiété est donc à son comble quand nous entamons la remontée de l'Oyapock avec la marée, sans document et sans aucune connaissance sur le fleuve ni sur l'itinéraire, sinon que je me souviens de discussions, lors de mon premier séjour en Guyane, soulignant combien le cheminement y est complexe, entre roches cachées et hauts-fonds de vase baladeurs. Nous commençons par sortir sans problème du banc d'Ouanary, en ouvrant peut-être un nouveau passage, qui sait, faisant route ensuite vers le pied de la montagne Bruyère et, sur l'inspiration du moment, laissant l'île Biche sur tribord. Joli coup de chance, c'est l'unique passage, nous le saurons plus tard. Seconde aubaine, alors que nous flirtons avec le banc qui longe l'île Biche côté brésilien, apparaît un crevettier, égaré sur le fleuve nous dira-t-on à Saint-Georges, dont la marche vers l'amont nous libère des soucis pour quelque temps. Plus loin, cela semble sans problème, jusqu'à ce que nous passions deux Indiens palikur en pirogue, devant leurs cases et leur dégraddégrad : en Guyane, plan incliné servant à l'accostage des pirogues.. Ils nous regardent à peine, indifférents à nos saluts, et trente mètres plus loin, nous nous plantons sur un haut-fond. Dégagés en soufflant la vase avec l'hélice, nous retournons leur demander où se trouve le passage : d'après eux, il faut contourner le grand banc qui nous a stoppés, en rasant l'île en face et en décrivant une large courbe avant de revenir sur la berge française. Ils auraient pu nous faire signe d'arrêter… Tout cela sous une pluie battante. Rien n'est évident sur ce fleuve.


Au mouillage près d'Ouanari en attendant la marée montante.

Suit un dédale d'îles entre lesquelles nous nous engageons au petit bonheur, Michelle n'arrêtant pas de lancer le plomb de sonde. À la longue, c'est épuisant. Et que dire de la tension nerveuse quand le fond reste longtemps entre deux et trois mètres ! D'ailleurs, nous nous échouons encore une fois avant de deviner le bon passage, qui est, comme souvent, au plus près de la berge. Survient une petite île rocheuse environnée de tourbillons bizarres. Approche prudente, les fonds montent inexorablement, nous ne passerons pas. Heureusement, un créole est sur l'île et vient nous voir en pirogue, expliquant qu'un grand banc de sable barre tout le fleuve et qu'en plus nous sommes passés au ras d'une roche immergée… Il nous guide dans une passe que nous n'aurions jamais trouvée seuls, très étroite, entre son île et une autre, puis nous explique la suite de la remontée : « Vous suivez la berge à droite, puis là-bas au fond, à l'arbre, vous changez de rive... » Immanquable, ce point de repère en pleine forêt primaire ! Nous trouvons malgré tout notre chemin, accélérant un peu l'allure ensuite jusqu'au moment où une roche affleurant à peine devant notre étrave tempère notre ardeur : un peu plus tard dans la marée et nous la percutions…


La remontée du fleuve, toujours près d'une rive ou de l'autre, pour avoir du fond.

Enfin, après une soixantaine de kilomètres de navigation fluviale, nous parvenons à Saint-Georges, près de Cythère, unique voilier au mouillage, qui est la raison de notre présence en ces lieux. En effet, c'est en savourant à l'avance le bonheur de revoir Françoise, Alain et leur petit Damien que nous avons surmonté les épreuves de ce périple sur l'Oyapock. Avec ces amis quittés quatre ans auparavant, au sortir d'un hiver en commun qui avait vu nos voiliers pris par la glace dans le bassin Saint-Pierre de Caen, nous plaisantons évidemment à propos de la météo équatoriale qui préside à ces retrouvailles.


Un fleuve très large où s'allongent de grandes îles.

Avant de descendre effectuer les formalités de douane et d'immigration, je m'imprègne de l'ambiance qui m'avait déjà pris sous le charme au départ de la mission à Trois Sauts : les pirogues qui passent, l'odeur du roucou filtrant du carbet de passage, à quelques mètres de nous, où des Indiens de Camopi rivalisent d'indolence tandis que d'autres sont occupés à se laver en riant, cramponnés aux grosses racines d'un arbre qui plongent dans le fleuve, les cris d'oiseaux, dont les trois syllabes puissantes et inoubliables du paypayo -une sorte de moineau gris à longue queue, minuscule et quasiment invisible-, une petite pirogue monoxylemonoxyle : taillé dans un tronc d'arbre. amarrée au dégraddégrad : en Guyane, plan incliné servant à l'accostage des pirogues., la pagaie peinte en bleu à l'arrière et, sur le banc du milieu, dépassant d'une feuille de bananier faisant office de parapluie, le canon d'un fusil. Un petit avion descend l'Oyapock au ras de l'eau et passe près de nos voiliers à pleine vitesse. Suski, évidemment.

À terre, les perroquets et les toucans animent toujours les rues d'un village que la forêt environnante fait ressembler à une sorte d'île étrange, avec le fleuve qui l'ouvre à la fois sur la mer et sur l'intérieur. Qui a-t-il de neuf ? Dans un bar, je découvre un poster sur la Guyane signé par Spirou. En face de Chez Modestine, la boulangerie vend maintenant des croissants. Il y a quelques vagues chantiers de piste alentour. Le téléphone automatique est en service depuis cinq jours. En plus de l'avion, on peut désormais prendre un bateau vers Cayenne trois fois par mois. Le principal changement, ce sont les voitures, au nombre d'une douzaine, soit quatre fois plus qu'à mon premier passage, en comptant tracteurs, camions, Toyota, jeep et, bien sûr le taxi de Fili, le fou d'orchidées et de poissons tropicaux.

Michelle et moi partons marcher le long de la piste ouverte par Alain en direction de Maripa et le charme de la forêt opère malgré une pluie tenace. Une fascination parfois morbide, comme à l'instant où nous avons du céder la piste à un boa tout noir, long d'environ quatre mètres, fort agressif, qui nous menaçait, tête dressée et queue frémissante... Le soir, sur Cythère, le repas regroupe nos équipages ainsi que Xavier, le médecin du dispensaire, sa femme Hélène, et Pierre, un toubib de passage qui connaît tous ceux que j'ai fréquentés autrefois en Guyane. Cette excellente soirée est rehaussée, en ce qui nous concerne, par le luxe oublié des boissons fortes ou glacées accompagnant la bonne chère. Alain vient en effet de ramener de Cayenne légumes, beurre, camembert et yaourts, ayant fait un saut à la "capitale" pour débrouiller le dossier de la scierie qu'il compte monter à Saint-Georges. Cela semble bien engagé, avec la concession de 1 500 hectares de forêt près de Maripa et des subventions à venir.

Le lendemain, qui est un dimanche, voit la même équipe embarquer dans une pirogue pour un pique-nique à Pied Saut (Maripa). Tout près des chutes, nous débarquons à un carbet de la rive française, en face de Clevelandia. C'est le superbe domaine de Serge, vieux broussard chaleureux qui a tenté de monter une exploitation d'élevage, mais qui va quitter les lieux, ayant échoué dans les manœuvres administratives préparatoires, alors que tout est prêt sur place. Il reçoit des amis et associés dans l'affaire et, les équipages des bateaux étant d'emblée accueillis comme des frères d'armes dans ce milieu de défricheurs, il nous convie à siroter le punch tassé préparé par Christiane, sa femme antillaise. Le décor est superbe, avec d'un côté la forêt, à moitié cachée par un bouquet de bambous, et à l'opposé le fleuve, les bleus barrés et les morphos traversant nonchalamment la maison, d'un monde à l'autre, poursuivis par le petit saïmiri farceur qui est l'animal familier de la maison.

Nous repartons en zigzagant entre les roches pour aborder finalement une miniature d'île ceinturée de cascades. Repas, baignade, et Pierre nous entraîne à sa suite dans les branchages pour nous faire partager sa passion des orchidées. Ces fleurs, qui n'éclosent parfois qu'une journée, sont souvent destinées à un insecte spécifique et utilisent des artifices de science-fiction. Ainsi, Pierre nous montre l'une d'elles, dont le bourdon attitré déclenche une gâchette en pénétrant dans la fleur pour butiner son nectar, ce qui fait partir vers son dos deux fléchettes à ventouses porteuses de pollen ! Le bourdon repartira de la sorte féconder une orchidée semblable, en un échange vital pour ces fleurs hermaphrodites. Rien que dans ce petit coin, il y a des orchidées immenses, interminables, telle la vanille, d'autres à peine discernables, tantôt sur des arbres, tantôt sur des roches, déployant une infinie diversité de formes et de couleurs. C'est un monde végétal fascinant, un sujet inépuisable et passionnant dont je comprends maintenant qu'il donne la fièvre à certains, à la manière de l'or.


Une des orchidées que Pierre nous fait découvrir.

Une fleur de vanille.

Une autre jour, en pirogue avec ceux de Cythère, nous allons retrouver Serge et Christiane à Clevelandia, gros bourg brésilien situé en amont, dont les habitants sont autrement plus avenants que ceux de Saint-Georges. Nous retraversons ensuite pour laisser la pirogue à Pied Saut et remonter le chemin de fer de Saut Maripa, jusqu'au début des rapides. De vieux souvenirs affluent, car rien n'a changé depuis la mission à Trois Sauts avec Jean-Paul. Baignade en haut, retour au crépuscule et descente du fleuve à la nuit, en faisant des éclairs avec la pierre d'un briquet pour se signaler aux autres pirogues. L'exploration des environs se poursuit jour après jour, notamment avec une virée à pied, Michelle et moi, jusqu'à la belle crique Gabaret. Au passage, nous admirons le gros élevage du secteur, avec des dizaines de buffles installés dans une pâture au vert surnaturel, à l'ombre des palmiers. Douze journées passent ainsi en un clin d’œil jusqu'à notre départ, Alain embarquant avec nous vers Cayenne. La descente du fleuve se fait avec la marée et, grâce à lui, par le bon itinéraire, qui nous permet découvrir de nouvelles perspectives sur la rive brésilienne. Nous voyons aussi un anaconda, qui impose le respect, remonter le courant entre deux îles. Le trajet s'effectue sans problème, à part que nous avons effleuré un des bancs de l'île Biche et que, plus bas, le peu de vent qui subsiste est dans le nez, nous obligeant à aller au moteur jusque devant la montagne d'Argent, où nous mouillons. C'est un problème, car la pénurie de gas-oil sévissait sur l'Oyapock, la piste brésilienne vers Clevelandia étant bloquée par les pluies, et nous sommes très à court…


Alain à la barre pour la descente de l'Oyapock.

A terre, dans ce promontoire à l'écart de tout, anciennement occupé par un camp forestier du bagne, nous trouvons des arbres fruitiers, de nombreux vestiges de murs et de constructions, ainsi qu'un antique fortin et deux restes de jetées, vieilles pierres complètement submergées par la végétation. Dans une moiteur oppressante, la progression est difficile et nous revenons à l'annexeannexe : petite embarcation pour assurer la liaison entre un voilier et la terre. par les rochers du rivage ; là, nous sommes bloqués par un petit caïman à l'allure féroce, qui se gonfle, crache et joue des mâchoires : la bête a beau faire moins d'un mètre, elle ne donne pas envie d'approcher !


Le mouillage au bas de la Montagne d'Argent.

Les ruines du camp forestier du bagne.

Peu après minuit, de façon à être de jour au Grand Connétable, nous appareillons au moteur, dans un calme absolu. Nuit paisible pendant laquelle le vent s'est à peine installé, ce qui nous fait arriver dans l'après-midi auprès de ce rocher perdu où nous mouillons à la voile. Ce Connétable a fière allure, coiffé d'un piton autour duquel tournoient des centaines de frégates, il comporte un plateau envahi de végétation où nichent tous les autres oiseaux, surmontant un socle de pentes rocheuses qui plongent dans la mer. Alain et moi, nous y prenons pied au prix d'un débarquement périlleux. C'est d'abord l'odeur qui frappe, ammoniaquée, forte, horrible. Puis les œufs qui jonchent le sol, verdâtres, tachés de brun, posés partout, les cris des volatiles et leurs envols en tous sens en une belle sarabande… La montée est difficile à cause de la pente, de la végétation et de l'omniprésence des sternes que notre intrusion excite. Nous craignons qu'elles nous attaquent, mais leurs acrobaties et leurs piqués menaçants restent des manœuvres d'intimidation. Sur le plateau, encombré de hautes herbes coupantes, restent des traces de l'époque lointaine où le phosphate de l'île était exploité ; au-delà, au pied du piton terminal, c'est le royaume des frégates dont la taille et le nombre nous incitent à la prudence. Dans cette frénésie aviaire, avec Chercha-Païs qui danse dans la houle, tout en bas, et les brisants qui frappent au loin les rochers peu avenants du Petit Connétable, l'ambiance est très particulière.


Sur le Grand Connétable, des milliers d'oiseaux de mer.

Rentrés à bord après avoir vu quelques oisillons nouveaux-nés, nous hissons l'annexeannexe : petite embarcation pour assurer la liaison entre un voilier et la terre. sous les bossoirsbossoir : élément permettant de suspendre un canot, une annexe. et faisons voile, poussés par une série de grains qui dessinent un ciel sinistre. La nuit tombe avant l'escale prévue, à l'îlet la Mère, mais je connais suffisamment le quartier pour venir y mouiller tout de même. Au matin, affreusement pluvieux, apparaissent la table du Mahury, les îlets de Rémire, Montravel, Bourda, et devant ces paysages familiers une grande nostalgie me prend.


Michelle, à notre départ du Grand Connétable.

Nous débarquons sur l'îlet qui s'orne maintenant d'un carbet et d'une pancarte d'interdiction. Un curieux personnage à la longue barbe bifide vient à notre rencontre et après quelques palabres, nous autorise à parcourir cette île transformée en réserve d'animaux pour l'Institut Pasteur. L'équipage monte au sommet, près des installations des Phares et Balises, pour jouir d'un panorama dont je n'aurais pas fait l'économie. Au bas de l'îlet, tout différent de ce que j'ai connu, avec ses cages à singes et ses plantations, le gardien, unique habitant des lieux, nous offre le café. Il parle par bribes de sa réserve, unique en son genre, où les singes sapajous, préservés de tous germes, servent à l'étude du paludisme. Ex-légionnaire, l'homme apprécierait son nouveau travail s'il n'y avait un bémol : son sommeil est en effet anéanti par des bandes de saïmiri qui bombardent les tôles ondulées de son toit avec des mangues vertes bien dures...

Nous levons l'ancre pour la retremper tout près, devant le dégraddégrad : en Guyane, plan incliné servant à l'accostage des pirogues. de l'îlet le Père. Là encore, sur la pointe opposée, se dresse maintenant un carbet, occupé par des pêcheurs brésiliens, mais le chemin vers le sommet n'étant plus praticable, nous repartons presque aussitôt vers le chenal de Cayenne. Le vent, très faible, expire peu après et comme le courant nous envoie au large, nous démarrons le moteur à la nuit pour terminer le trajet. Cela aura raison des dernières gouttes de gas-oil. Arrive un chalutier vénézuélien qu'Alain fait stopper en agitant une lampe -j'avais trop honte pour le faire moi-même- : les marins prennent notre remorque et c'est ainsi que nous faisons la moins glorieuse des entrées dans un mouillage désormais garni de voiliers de passage. Les temps ont changé…

Ce qui n'a pas changé, en revanche, un courrier nous l'apprendra aux Antilles, c'est la règle qui veut qu'en Guyane, tous les projets, ou peu s'en faut, sont tués dans l’œuf par l'hydre de l'administration : en dépit de sa détermination, Alain ne pourra jamais monter sa scierie.

(mai-juin 1984)