English
 |  expédition  |  équipage  |  bateau  |  traversée  |  contacts   |  livre d'or   |  Q&R   |  Spanish
 

sans boussole
 Accueil   
MICROMEGAS 3 SOUS VOILE
La traversée 
Le livre de bord...
Les photos de la traversée...
La route suivie...
Les bulletins...
Informations...
Les relevés Argos...
 Le journal de bord...

DépartVeille26 Avril 2003Arrivée



Écoutez le journal audio (le son original de la traversée !) :



Journal écrit :
Après que le soleil se soit levé, Max a pu dormir un peu en bas, mais moi, pas du tout. Je suis fou d'impatience de voir une terre et que cela finisse au plus tôt. Un moral dégueulasse. On répare une prise de rocambeau sur la vergue de grand-voile, ça allait casser : donc perdre une drisse en haut du grand mât, panne grave évitée de justesse! Max répare et on repart à très petite vitesse sous misaine simple. La journée d'hier en ciseau nous a épuisés moralement et physiquement. Trop de concentration permanente, chaque seconde! Il fait bien beau mais quelques nuages évidemment, vent d'Est et eau 27°C.

Vers le milieu de la journée, le ciel se couvre entièrement. D'abord quelques trous bleus et on peut continuer à faire route à l'Ouest, puis un ciel complètement chargé avec des grains qui nous tombent sur la gueule. En plus, le vent tourne sous les nuages. ""Faire de l'Ouest"", il faut faire de l'Ouest, c'est maintenant capital et de plus en plus difficile sans visibilité. Cette nuit, je crois qu'on va se mettre à la cape pour ne pas se tromper. On espère quand même une embellie pour VOIR notre Croix. Ce voyage est une véritable torture physique et morale, ce n'est pas de la voile mais de la survie. Est-ce qu'on sera à jamais guéri de notre amour des bateaux à voile? Certes, c'est intéressant de chercher ses limites... Et puis ce voyage est le summum de la navigation astronomique. Sans aucun doute la dernière d'ailleurs, vu la montée de la technologie de navigation (GPS etc...). Notre beau sextant restera une relique de l'Ancien Temps, le sextant des vieux capitaines, une légende déjà oubliée.

Pour l'instant, début d'après midi dans la grisaille Max continue à faire route, option vent...

Heureusement, ça s'arrange en fin d'après midi, mais toujours pas de coucher de soleil! Par contre, la nuit est bien étoilée et on étale bien tous nos quarts (6). On voit la Croix du Sud, on peut être encore un peu haut? Le problème, c'est qu'on ne voit jamais les 2 petites étoiles de la Mouche qui nous donneraient des précisions...

La route du jour :

 Zoom ]

Journal audio (transcription) :



Plage 12

(bruit de l’eau qui file régulièrement)

Man : Alors quel jour Max ?

Max : Je ne sais pas, on est le samedi 27 non ?

Man : Samedi 27, matin. Alors hier soir, tout allait bien… on fonçait voiles en ciseau, on a un peu trop tardé pour ramener la toile avant la nuit parce que… ça fonçait trop… Et on s’est engueulé parce que… Max m’a engueulé parce que… ça merdait quoi… la manœuvre… difficile ! Les voiles en ciseau, sur ce vieux gréement, c’est très difficile à ramener… !

Max : Surtout la nuit ! ! !

Man : En pleine nuit bien sûr ! et dans un bon clapot… Bon, à part ça, on entame la nuit euh… parfait quoi… enfin théoriquement parfait… sous misaine simplement… On filait quoi, dans les 5 nœuds… et au bout de 4 quarts euh…

Max : … exténués !

Man : … absolument exténués ! On en a raz le bol ! Surtout la partie du matin… Il y a très peu de bonnes étoiles dans l’ouest… à observer, pour prendre un bon cap… Et en plus, il y a toujours ces voiles sur l’avant, au portant, qui masquent une bonne partie du ciel, juste devant notre nez… On était exténués, et puis vraiment raz le bol quoi ! Raz le bol ! Vraiment, il nous tarde que… d’arriver quoi ! Vraiment, vraiment ! ! !

Max : On en a marre !

Man : Oh oui, on en a marre !

Max : Mais alors c’est affreux parce que on n’est peut-être pas très loin de l’arrivée, mais on n’est même pas stimulés par la terre d’en face… comme on ne connaît pas la distance qu’il reste à faire… Elle n’existe pas ! On a juste l’horizon vide devant ! et c’est tout !

Man : Elle est imaginaire c’est tout ! Elles est imaginaire la terre ! C’est dans nos fantasmes… On a dit qu’on mettrai un trentaine de jours… Mais alors, est-ce qu’on a avancé ? Est-ce qu’il y a du courant contraire ? Je ne sais pas moi euh… Est-ce qu’on se traîne ? Est-ce qu’on a été vite ? On n’en sait rien ! On ne sait rien du tout et puis… alors vraiment, en plus pour couronner le truc… hier soir pour regarder la Croix du Sud… c’était bourré de nuages à l’horizon sud… donc on n’a jamais pu voir correctement la Croix du Sud à sa culmination qui ne dure qu’une heure en gros… en même temps que la Mouche ! Que les deux étoiles supérieures de la Mouche… Donc voilà ! Pour la précision de … notre latitude, c’est plutôt merdique ! Donc au bout de quatre quarts, on en avait tellement marre, qu’on a tombé la toile, on a mis le tourmentin bordé plat censé… censé nous tirer à la cape courante vers l’ouest quoi… Alors Max a été se coucher à l’intérieur… et moi, je suis resté sur le pont… parce que bon, la mer est maniable… Mais alors absolument impossible de dormir ! Alors ça, c’est une torture abominable ! Affreuse quoi… Etre crevé, exténué et ne pas pouvoir dormir… Parce que la mer bouge quand même… il y a un bon clapot qui est fait de petites houles sud-est… et de l’est… ça clapote quoi ! Et sur le pont, c’est infernal ! Il y avait quand même pas mal de vent… Et donc, je suis devenu cinglé moi, ce matin !

Max : Alors on se réveille de très bonne humeur…

Man : …de très très bonne humeur !

Max : Heureusement, j’ai décelé une panne qui allait arriver bientôt… Il y aune des vergues, un des accrochage des vergues en haut du mât… qui était en train de s’user et qui allait casser bientôt !

Man : La vergue de grand-voile…

Max : Et ça aurait été une sacré panne parce que… ça nous aurait laissé und drisse en haut du grand-mât..

Man : C’est à dire impossible d’aller la chercher ! Impossible ! Parce que le bateau est trop petit… on ne peut pas monter en haut de mât… Donc c’était une sacrée panne en prévision ! Mais enfin bon, on a réparé…

Max : …et on fait route à moyenne vitesse…

Man : On se traîne ! Alors pour se donner le moral, on se dit que c’est la loi de la 2 CV : c’est à dire, ce n’est pas la peine de se presser, en fait ça avance, et il faut continuer, continuer, continuer… inlassablement ! C’est interminable !

Max : Oui. Hier on a marché très fort pendant toute la journée… mais ça demande une attention de tous les instants, enfin, de toutes les secondes… Et puis finalement, à la fin de la journée, on se retrouve exténué par la tension nerveuse tout simplement… En plus, le soleil à gogo euh…

Man : On a une soif terrible !

Max : Terrible ! Voilà…

Man : Parce que en gros, sur ce bateau, on n’arrive pas à régler les vêtements qu’il faut… puisque… il faut quand même se protéger de l’eau… donc on est souvent trop habillé avec nos habits étanches… les cirés… Et enfin voilà, on a vite trop chaud… ou alors quand on a trop chaud, on se déshabille euh… mais alors là, ça évapore trop… Après, on a une soif effrayante… et en partie, la dorade coryphène géante qu’on a pris hier, évidemment, on a mis du sel… ça nous donne une pépie… On a très soif… Et puis bon, les dorades coryphènes crues, il y a marre quoi, en gros… ! Il y en a marre ! C’est la dernière !

Max : C’est joué ! C’est terminé !

Man : Il y en a marre euh… Je préfère aller manger moi euh…

Max : Des suchis dans un bon restaurant japonais à Paris…

Man : Oui. Ou alors plutôt de la ventrêche…

Max : Avec des belles filles !

Man : De la ventrêche, du bon porc… dans les Landes. Ou du confit ! Maintenant, il faut vraiment que ça se termine parce qu’on en a vraiment assez ! Vraiment assez ! ! ! Et c’est tellement effrayant de n’avoir aucune activité intellectuelle ! Sur ce bateau ! Mises à part nos productions artistiques… Vidéo, photo, écriture etc… Enfin, c’est très très dur ! Vraiment très dur ! On attend la terre hein… La terre, la terre ! ! ! Quelle terre ? Quelle terre et quand ?


DépartVeille26 Avril 2003Arrivée



 Haut de page ]

sans boussole
 Accueil   
Conception Accord des Mondes © 2003 - 2007 Emmanuel & Maximilien BERQUE